[Article modifié le 23 février pour intégrer la réaction du ministère de la transition écologique du gouvernement espagnol affirmant que Pedro Sanchez et Teresa Ribera sont sur la même ligne concernant la question de l'hydrogène]
Un « subterfuge ». Le terme est employé par un diplomate européen pour qualifier les déclarations bilatérales de haut niveau que la France a signées avec
l’Allemagne
et
l’Espagne
, après les avoir truffées de références au « soutien à l’hydrogène bas carbone ».
Car…
Comment le sort de l’hydrogène bas carbone empoisonne d’autres négociations européennes
Alors qu’il devait être conclusif, le dernier trilogue sur des objectifs de carburants durables dans le transport aérien (RefuelEU Aviation), en décembre 2022, a échoué à cause du blocage sur la question de l’hydrogène bas carbone. « Aujourd’hui, aucune date de trilogue n’est prévue, car il y a toujours ce désaccord majeur », a récemment indiqué l’eurodéputé Pascal Canfin, président de la commission de l’Environnement du Parlement européen.
Les débats sur le paquet gazier sont également le théâtre d’affrontements politiques sur la question de l’hydrogène depuis que la France a réussi à faire insérer un article, dans les documents de révision de la directive gaz, qui laisse la possibilité aux États d’utiliser de l’hydrogène bas carbone pour atteindre les objectifs de consommation d’ENR dans la RED. La proposition a été introduite sous présidence tchèque en novembre 2022. Depuis, elle a été mise entre crochets. Les ministres vont tenter de dégager un accord sur cette directive lors du Conseil Énergie du 28 mars. La prise en compte de cet article sera « un élément d’appréciation déterminant pour la France », a prévenu Agnès Pannier-Runacher.
Les « mémorandums of understanding » (MOU), ces protocoles d’accords de l’UE avec d’autres pays, ne sont pas épargnés par le débat renouvelables vs bas carbone. Ainsi dans le MOU sur les gaz renouvelables avec l’Ukraine, la France se bat pour intégrer partout la mention d’un partenariat sur les gaz décarbonés.
Et d’autres dossiers sont déjà dans le viseur de la France. Lors du sommet européen du 9 février, Emmanuel Macron a insisté, pendant le tour de table, sur « la nécessité également de prendre en compte l’énergie bas carbone dans toutes les législations européennes », assure son entourage. À Paris, les regards se tournent déjà vers la « future banque de l’hydrogène » promise par la Commission et qu’il s’agira d’orienter autant vers le bas carbone que vers les ENR. La réforme du marché de l’électricité qui se dessine est aussi scrutée avec attention pour éviter un traitement différencié des technologies renouvelables et nucléaires.