En théorie, le processus est simple. Tous les cinq ans, chaque famille politique désigne son prétendant – ou « Spitzenkandidat » en allemand – pour devenir le prochain président de la Commission européenne.
Conservateurs, socialistes, écologistes, libéraux… faites votre choix dans les urnes, et le parti avec le plus de députés (ou le second en cas d’échec) tentera ensuite de former une majorité au Parlement pour faire approuver son poulain.
Lors de la mise en place du mécanisme en 2014,…
Où en sont les différents partis ?
Parti populaire européen (PPE) : le processus de désignation du candidat du PPE pour la présidence de la Commission européenne est lancé. Le premier prétendant officiel est même connu, en la personne de Manfred Weber. Le Bavarois préside le groupe au Parlement depuis 2014, dont les composants sont presque tous dans le parti.
L’ancien Premier ministre finlandais Alexander Stubb et le Français Michel Barnier mûrissent encore leur candidature, qui devra être déposée avant le 12 octobre. Des tensions existent au sein du groupe en raison d’une droitisation de plusieurs partis nationaux (relire notre article détaillé).
Parti socialiste européen (PSE) : le groupe des Socialistes et Démocrates (2e formation de l’hémicycle) est l’émanation du Parti socialiste européen. Ce dernier est mal en point. Ses partis nationaux sont presque tous en recul ou en voie de marginalisation. La situation du PS français en est l’illustration. Le vice-président slovaque de la Commission européenne, Maros Sefcovic, a fait savoir qu’il serait candidat pour être désigné Spitzenkandidat. Le commissaire français Pierre Moscovici doit faire connaître sa décision de se présenter ou pas dans les prochains jours.
Alliance des démocrates et libéraux européens (ADLE) : ce parti est l’une des composantes du groupe qui porte le même nom au sein de l’hémicycle. Le 2e pilier du groupe est le Parti démocrate européen (PDE), dans lequel on trouve le Modem français. Le chef du groupe ADLE, Guy Verhofstadt, souhaite une alliance avec La République en marche pour les élections à venir. Dans une interview à Ouest-France, il s’est rallié à la position d’Emmanuel Macron, estimant que le processus des Spitzenkandidaten ne remplit pas tous les critères démocratiques. Le Belge émet des doutes sur la désignation d’un prétendant.
Les Verts : le Parti vert européen regroupe la grande majorité des élus du groupe (si on exclut sa composante régionaliste). Il doit se retrouver du 23 au 25 novembre à Berlin pour désigner sa tête de liste. Comme en 2014, il a prévu de présenter un « ticket » homme/femme. L’Allemande Ska Keller a déjà fait connaître son intention de se porter candidate. Le Belge Philippe Lamberts pourrait compléter le duo.
Parti de la gauche européenne (PGE) : au départ, le PGE est l’ossature du groupe Gauche unitaire européenne (GUE). Une situation en train de changer en raison de profondes divergences ou inimités politiques. Les Grecs de Syriza et les Français de LFI sont en guerre ouverte depuis 2015. Jean-Luc Mélenchon a toujours considéré le ralliement du Premier ministre grec, Alexis Tsipras, au troisième plan d’aide comme une trahison.
Tous deux membres de la GUE, La France insoumise et Podemos ont créé une alliance en dehors du PGE, dont ils ne sont pas membres (ou plus, dans le cas des français). Ils ont été rejoints par le Bloco portugais.
« Nous n’excluons pas l’idée de présenter un Spitzenkandat, indique une source parlementaire. Une figure marquante, connue dans toute l’Europe peut être un atout pour la campagne. »
Si, comme en 2014, le PGE présente lui aussi un candidat pour la Commission européenne, la GUE partirait en ordre dispersé aux élections. Ces divisions s’expliquent par une lutte d’influence au sein du groupe, aujourd’hui largement dominé par les Allemands de Die Linke, dont la ligne est jugée trop centristes par LFI et Podemos. En s’alliant, ces derniers cherchent à renverser l’équilibre interne du groupe.
Alliance des conservateurs et réformistes européens : ce parti regroupe les membres des Conservateurs et Réformistes européens (eurosceptiques, 73 députés) même avec le départ à venir de leurs élus britanniques (20 sur 73), le groupe a des chances de survie après 2019. Sa formation politique, l’Alliance des conservateurs et réformistes européens, a prévu d’annoncer le 18 octobre le nom de son prétendant à la Commission européenne.
Deux cas à part :
Europe de la liberté et de la démocratie directe (EFDD) : ce groupe ne dispose pas de parti politique européen. Aucun Spitzenkandidat n’est attendu pour le moment.
Europe des nations et des libertés (ENL) : l’ENL est composé de partis nationaux opposés à toute intégration politique, comme le Rassemblement national ou le Parti de la liberté néerlandais. Ils ne comptent pas présenter de Spitzenkandidat.