Transparence. Tel est le fil rouge des propositions dévoilées par la Commission, mercredi 11 avril, concernant l’évaluation scientifique des risques alimentaires. Ces annonces sont la réponse formelle de l’exécutif européen aux polémiques de 2017 qui ont entouré l’autorisation du glyphosate, cette molécule présente dans certains pesticides et dont la nocivité a fait débat.
Une initiative citoyenne, Stop glyphosate , demandant l’interdiction du glyphosate, la réforme de la procédure d’autorisation des pesticides et un objectif européen de réduction de leur utilisation,…
Les éléments clés d’un débat
Autorisé une première fois pour dix ans en 2002, le glyphosate a été le sujet d’un feuilleton long de deux ans et demi jusqu’à sa réautorisation pour cinq ans en novembre 2017. Engagés dans la bataille de l’opinion, États membres, Commission et société civile s’étaient alors affrontés à coups d’études scientifiques.
Vivement critiquée au cours de la procédure, la Commission rejette la faute sur les États, incapables de statuer sur la réautorisation ou non du glyphosate. Confronté à leurs divisions, l’exécutif européen n’avait cessé de proposer la réautorisation du pesticide, sur la base d’études scientifiques favorables. Cependant, plus que les divergences entre États membres, les agences de l’UE sont sujettes à controverses.
En cause, les avis rendus successivement par l’Efsa et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) en contradiction avec les recommandations d’une agence de l’Organisation mondiale de la santé. Cette dernière, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), a conclu en mars 2015 au caractère "probablement cancérigène" du glyphosate. Dans son avis de novembre 2015, l’Efsa fait référence à des études "non évaluées" par le CIRC pour justifier les divergences entre les deux agences.
Les Monsanto Papers révéleront finalement que les conclusions des deux agences européennes sont issues "à 80 %" de l’industrie chimique, selon Martin Pigeon. Regroupés au sein de la Glyphosate Task Force, les poids lourds du secteur – dont l’entreprise américaine Monsanto – ont ainsi grandement influencé le jugement de l’Efsa et de l’ECHA en faveur de la réautorisation du glyphosate.