S’adapter ou mourir. C’est en substance le défi qui attend l’Europe, selon Mario Draghi, qui dresse un état des lieux alarmiste (lire l’encadré ci-dessous) dans son rapport remis le 9 septembre. Dans le domaine pharmaceutique, il attribue le décrochage européen à trois facteurs : des investissements publics dans la R&D fragmentés et insuffisants au niveau privé, un cadre réglementaire trop contraignant et l’émergence complexe d’un espace européen des données de santé. Les changements qu’il préconise peuvent se résumer en trois…
Un état des lieux alarmiste
Le constat du décrochage de l’économie européenne par rapport aux États-Unis et la Chine n’est pas nouveau, et s’observe dans tous les secteurs économiques couverts par le rapport. Il est néanmoins détaillé, en matière d’industrie pharmaceutique, graphiques à l’appui. L’ancien président du Conseil italien estime que « l’UE peut tirer parti d’une forte empreinte historique dans le secteur pharmaceutique », de par sa « forte présence dans le commerce » et d’une « base de fabrication solide et un savoir-faire scientifique dans le domaine des médicaments brevetés ».
Néanmoins, le marché pharmaceutique a connu de profonds changements durant les dix dernières années, période au cours de laquelle l’UE a décroché. Elle est ainsi « à la traîne dans [les] segments de marché les plus dynamiques » que sont les médicaments biologiques, notamment dans le segment des médicaments orphelins et des médicaments de thérapie innovante (MTI, ou ATMP selon le sigle anglais). « Sur les dix médicaments biologiques les plus vendus en Europe en 2022, deux étaient commercialisés par des entreprises de l’UE, tandis que six (dont les quatre premiers) l’étaient par des entreprises établies aux États-Unis », écrit Mario Draghi. Le constat est encore plus criant s’agissant des médicaments orphelins : en 2022, parmi les dix produits les plus vendus bénéficiant d’une exclusivité commerciale en tant que médicament orphelin, « aucun n’est commercialisé par des entreprises établies dans l’UE » tandis que « sept d’entre eux [le sont] par des entreprises établies aux États-Unis ».