Correspondance à Catane (Italie)
Il est neuf heures du matin sur la base aérienne de Sigonella, près de Catane en Sicile. L'équipage néerlandais de l'avion de la Kustwacht royale, basé habituellement à l'aéroport de Schiphol, effectue depuis le début du mois d'avril des patrouilles quotidiennes au-dessus la Méditerranée, dans les eaux territoriales italiennes et au-delà, vers la Libye. Pour un mois, leur Dornier 228 est affecté exclusivement à l'opération Triton de surveillance des frontières maritimes de l'Union européenne. Ils sont…
Un camp de réfugiés surpeuplé à Mineo
A 40 kilomètres à l'ouest de Catane, la « Résidence des oranges » de Mineo accueille depuis mars 2011 des migrants en situation illégale et en attente de régularisation. En pleine campagne, perdu entre les plantations d'orangers, c'est un ensemble de pavillons multicolores, entouré de hauts portails et de barbelés et gardé par l'armée italienne. C'est surtout le plus grand camp de ce type en Europe, avec 3.300 résidents. Ils représentent une communauté de 35 nationalités. Soit plus de 300 ethnies. Au-delà de leur détresse, la tension est palpable dans les rues du camp de Mineo : les migrants s'attroupent par affinités ou au bord d'un terrain de football, où ils peuvent se rendre pour se défouler. 400 travailleurs sociaux et des avocats assurent l'accompagnement des résidents, dont le séjour s'étire parfois sur deux ans. « Nous disposons d'un budget de 35 euros par jour et par résident, versé par l'Etat italien. Avec cette somme, il faut assurer l'hébergement, fournir le nécessaire vital, la nourriture, les soins et l'assistance sociale », explique Sebastiano Maccarone, directeur du camp de Mineo. L'argent transite par une société privée de construction de bâtiments et de travaux publics, Pizzarotti, qui se présente comme propriétaire de l'infrastructure construite jadis pour héberger des militaires de la base OTAN de Sigonella. « Il faut des flux migratoires mieux organisés.L'Union européenne devrait ouvrir des centres d'accueil dans les pays africains où les gouvernements sont stables, pour épargner aux clandestins la traversée dangereuse de la Méditerranée et éviter l'afflux massif en Italie», propose Sebastiano Maccarone. Cette demande sera reprise, dans ses grandes lignes, par les députés européens des groupes ADLE et S&D, qui voteront le 29 avril, à Strasbourg, une résolution demandant des mesures concrètes pour stopper les décès de migrants dans la Méditerranée.