Cordial, rigoureux et bien entouré : la méthode Barnier à l’épreuve de Matignon

Le nouveau Premier ministre et ex-négociateur du Brexit a usé d’une recette peu spectaculaire mais éprouvée au fil de sa longue carrière, qui lui a permis notamment de déjouer les pièges des négociations avec les Britanniques. Suffisant à l’heure où l’Assemblée et l’exécutif français sont englués dans une crise sans précédent ?
06 septembre 2024 à 8h00
Pouvoirs
Michel Barnier au Parlement européen, le 26 novembre 2019 — Union européenne
par Simon Carraud avec Diane de Fortanier et Sophie Dupuy

Ses ex-collaborateurs vantent plus volontiers son sérieux que son panache, sa rigueur plutôt que sa « fantaisie », selon les mots de l’un d’entre eux. Au cours d’une carrière longue d’un demi-siècle, il est vrai que Michel Barnier, nommé Premier ministre le 5 septembre, s’est distingué moins par ses coups d’éclat que par sa faculté à venir à bout de missions ardues, parfois même ingrates. À Paris, il fut ministre de l’Environnement, des Affaires étrangères et de l’Agriculture ; à…

Ses échecs

Tout n’a pas réussi à ce mal-aimé de la droite française : il était ministre des Affaires étrangères au moment du référendum perdu de 2005 sur le traité constitutionnel européen, et a échoué face au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, son concurrent pour devenir le champion de la droite aux élections européennes de 2014, et face à Valérie Pécresse, dans la course à l’investiture présidentielle du parti Les Républicains en 2021. Par la même occasion, il a dérouté une partie de ceux qui le soutenaient à Bruxelles – il a prôné alors un « bouclier constitutionnel » permettant à la France de déroger temporairement au droit européen en matière d’immigration. Une sortie perçue comme contradictoire avec sa stature d’Européen.

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