François Bayrou à Matignon : de la tactique mais pas de méthode ?

La tripartition partisane née à l’Assemblée depuis l’été 2024 a poussé le gouvernement à repenser sa manière de légiférer. Faute de majorité, il privilégie les propositions de loi, met en avant les commissions mixtes paritaires (CMP) et accorde au Sénat un rôle accru. Mais la portée des textes examinés est souvent limitée. La désertion des députés le confirme.

Depuis la nomination de François Bayrou, le gouvernement fait le pari de délaisser les projets de loi pour s’appuyer sur des initiatives parlementaires. Cette stratégie agace une partie de ses soutiens au Parlement, qui s’inquiètent de ses conséquences politiques et de son impact sur la qualité des législations votées.

Alors qu’Emmanuel Macron se démène sur la scène internationale, la situation intérieure semble en apesanteur. Contraint par la donne politique, François Bayrou avance à tâtons, sans projet de loi ambitieux, s’en remettant au Parlement pour trancher certains sujets. Après la préparation du budget 2025, Matignon sort à peine la tête de l’eau. Mais les dossiers en attente s’amoncellent…

Le directeur de cabinet d’Annie Genevard au ministère de l’Agriculture a été choisi lorsque Michel Barnier est arrivé à Matignon. Passé par plusieurs cabinets ministériels, l’ancien préfet de Guadeloupe et de Bretagne avait le profil idéal pour un « ministère des crises ». Depuis son arrivée, il a enchaîné la gestion des colères et des doutes du monde agricole, et se prépare à batailler pour défendre les intérêts de la France au sein de la Politique agricole commune (PAC).

La nouvelle équipe gouvernementale a été dévoilée le 23 décembre. Dix jours après sa nomination à Matignon, François Bayrou fait face à l’impatience des secteurs économiques, pressés de voir des réformes relancées. En maintenant une partie de l’équipe Barnier, il offre une certaine continuité aux parties prenantes amenées à travailler avec le gouvernement.