Parfois, l’histoire accélère brusquement. Le 18 mai 2020, alors que s’amorçait la plus grande crise économique jamais connue par l’UE, Angela Merkel apportait son soutien à un endettement en commun des États. En quelques semaines, la pandémie avait eu raison d’un tabou pourtant enraciné depuis des années outre-Rhin.
Dans le reste de l’UE, cette soudaine révolution pousse certains à voir grand. Et à espérer un débat de fond sur un autre tabou : les règles budgétaires européennes. Il s’agit des…
Un débat académique déjà vif
Alors que Bruxelles n’ouvre que timidement la discussion, les économistes sont déjà entrés dans le vif du sujet. Le comité budgétaire européen qui conseille la Commission demande régulièrement une réforme conséquente, qui supprimerait notamment le plafond commun d’endettement public. L’ex-membre du FMI Olivier Blanchard, qui avait déjà dénoncé les erreurs des politiques d’austérité en 2013, propose une refonte radicale du cadre européen, où les règles seraient remplacées par des standards – autrement dit, la dette devrait « ne pas être excessive », sans que cela soit incarné par un seuil précis. Jean Pisani-Ferry, qui plaidait en 2017 pour le respect des 3 %, défend désormais une politique résolument expansionniste. Enfin, le think tank bruxellois Bruegel a aussi avancé des propositions allant dans le même sens.