« C’est en off ? »
Plus encore que d’ordinaire au sein de la bulle bruxelloise, l’anonymat est de mise quand on parle des Conservateurs et réformistes européens (également connus sous leur sigle anglophone, ECR). Le groupe est régulièrement dénoncé par le reste de l’hémicycle pour ses positions en matière sociétale, pour son euroscepticisme (les élus préfèrent le terme « euroréalisme »), et surtout pour la prépondérance en son sein des élus polonais de Droit et Justice (PiS), en conflit…
La droite de la droite, de Londres à Varsovie
Fondé en 2009 par les conservateurs britanniques de David Cameron, en désaccord avec l’europhilie du Parti populaire européen (PPE) auquel ils étaient jusque-là affiliés, le groupe ECR est issu de la tradition conservatrice anglo-saxonne. Il défend des positions atlantistes sur la scène internationale, « la famille en tant que fondement de la société, l’intégrité souveraine de l’État-nation, l’opposition au fédéralisme européen », ainsi qu’« une immigration effectivement contrôlée ». Le groupe ECR se voit comme le « véritable foyer des valeurs conservatrices et de l’euroréalisme », expliquaient les coprésidents du groupe, Ryszard Legutko et Raffaele Fitto, en 2021. Si des divergences « très fortes » existent entre les délégations nationales sur certains sujets, l’élue belge Assita Kanko (du parti N-VA) considère sa famille politique comme « de centre-droit » et partisane d’une Europe « sur laquelle on ose avoir un sens critique ». Le centre de gravité du groupe s’est déplacé à l’est – et à droite – avec le départ des Britanniques en 2020, faisant de la délégation polonaise la plus importante du groupe. S’il existe des liens avec le groupe d’extrême droite Identité et démocratie (ID) – où siège notamment le Rassemblement national –, les positions pro-Russes d’ID constituent un obstacle à une possible fusion au sein d’un grand groupe eurosceptique, estiment les Conservateurs et réformistes.